Bienvenue sur le blog de la zone Ponouaipou-Poblaki de la MISSION CATHOLIQUE KAREN. Pere Camille Rio
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Edito
Éditorial
Il y a comme un bizarre décalage à rédiger ces lignes destinées à
un site internet, accessible en un clic par la magie des réseaux et des
mondes virtuels, à rédiger ces lignes donc, à la lueur d’une bougie en
priant pour que la batterie du portable (péniblement chargée grâce à un
antique groupe électrogène diesel) ne défaille pas, alors que les pluies
de la mousson tambourinent sur le toit du presbytère et que tout
alentours les bruits de la forêt accompagnent le bruit des touches du
clavier de l’ordinateur.
Vous qui lirez ces lignes, ce ne sont pas seulement huit mille
kilomètres de distance qui nous séparent, mais deux mondes en tout
étrangers l’un à l’autre. Je ne veux pas parler seulement de la langue,
du climat, ou encore de la gastronomie, ce sont là des exotismes dont on
s’accommode finalement assez bien, et même parfois recherchons. Non, il
est une altérité des cultures bien plus profonde et infranchissable,
qu’on ne saurait comparer à deux périodes de temps, ou d’espace.
Ponouaipou n’est pas le moyen-âge comparé (avec quelque condescendance) à
notre modernité, pas d’avantage un pays certes lointain mais finalement
distant que de quelques heures d’avion. C’est pour mieux dire une autre
planète : c’est un peuple semi-nomade de la montagne et de la forêt,
quand nos civilisations sont de plaines et de laboureurs ; c’est une
culture animiste, attentive aux manifestations d’un monde invisible
partout présent dans les manifestations d’une nature exubérante, quand
notre civilisation a été pendant deux mille ans modelée par le
judéo-christianisme et les pensées grecques et latines. Ce sont des gens
dont les manières de croire, de penser sont à mille années lumières des
nôtres.
On désespérerait alors de se comprendre jamais, et de se
rencontrer vraiment, s’il ne nous était donné de voir, entre les Karens
et les volontaires et amis français de passage, se nouer de belles et
parfois longues relations d’amitié, de rires communs à des farces
innocentes, de conversations sans queue ni tête moitié en langue des
signes moitié dans cet étrange sabir karen-francais qui s’est constitué
au gré des volontaires… En dépit, ou grâce à nos différences, naît
malgré tout une relation de « sympathie » que la théologie catholique
nomme « communion des saints », et qui est un des plus beaux articles de
notre credo. Puisse ce nouveau site internet y concourir !
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