Les karens

Les karens


Estimée entre quatre et sept millions de personnes, la population karen est répartie entre la Birmanie et la Thaïlande. Ils se divisent en de nombreux sous-groupes, parmi lesquels les Sgaw, Pwo, Karenni, etc., aux langues apparentées. Dans la région de Tak en Thaïlande, le long de la frontière Birmane, ce sont majoritairement des karens Sgaw. 

Origine présumée du peuple karen


Les historiens s'accordent sur l'origine présumée des différentes tribus karens de Birmanie et de Thaïlande: originaires des hauts plateaux tibétains, ils seraient lentement descendus vers le Sud sous la pression démographique chinoise Han pour se fixer le long des fleuves en Birmanie et en Thaïlande. Les guerres birmanes les confinent dans les montagnes au-delà et en deçà de la frontière thaïlandaise. Les karens Sgaw de notre zone de Ponouaipou-Poblaki se sont probablement fixés dans la vallée de la Moei il y a environ 300 ans. Installés depuis des siècles en territoire thaï, ce sont donc des citoyens thaïs à part entière.

carte postale représentant une jeune fille karen, début XXe siècle
Jeune fille karen de Thaïlande crédit photo: Jean-Luc Delle

Mode de vie


Les karens de la région de Tak sont montagnards et gens de la forêt: petits, trapus, endurants, ils n'ont pas leur pareil pour évoluer dans la jungle et sont d'infatigables marcheurs. Les karens étaient autrefois semi-nomades: les villages et cultures déménageaient au gré de l'épuisement des ressources. La fixation des frontières et l'arrivée de la modernité les a définitivement sédentarisé. Ce sont des cultivateurs: la culture du riz, par la technique du brûlis, assure bon an mal an leur subsistance. Pour générer quelques revenus, ils ont adopté depuis une dizaine d'année la culture du maïs, non sans de graves conséquences écologiques (déforestation, pollution des eaux et des sols)... Le défrichement des parcelles, les semis, la récolte, se font entièrement à la main, le relief particulièrement prononcé ne permettant pas la mécanisation. Les profits sont donc fort minces, pour une grande dépense de travail. Faute d'irrigation, les semis ont lieu au début de la saison des pluies.
Outre l'agriculture, les karens sont d'habiles artisans-vanniers, qui travaillent le bambou pour leur constructions et leurs objets. Les femmes excellent au tissage, selon une technique spécifiquement karen. Elles habillent ainsi toute la famille!

rizière en pays karen région de maetowo pere alain bourdery
Rizières en eau (la majorité des cultures se font cependant en pleine terre)


Les défis

Pendant des siècles, les villages karens isolés ont vécu dans une logique d'auto-subsistance: on consomme ce que l'on récolte, et les minces profits suffisaient à payer quelques outils, l'essence de la moto, etc. L'arrivée de la modernité a fait exploser cette fragile économie domestique, en créant des besoins nouveaux que les faibles revenus des familles ne peuvent satisfaire. Il faut générer des revenus supplémentaires: on plante du maïs, dont le produit permettra de reconstruire la maison, acheter une télévision, changer les batteries... ou l'on envoie un fils travailler en ville quelques mois. L'exode rural est une réalité dans nos villages, qui se vident de leurs jeunes au profit des villes, où ils travaillent en usine, pompistes, gardiens d'immeubles, etc., quelques mois, avant de retourner au village participer aux récoltes et, à nouveau, retourner en ville...
Le vrai défi est de permettre aux karens de vivre de leur travail dans leurs montagnes. L'amélioration de l'outil agricole, la mécanisation (labours, récoltes), la recherche de débouchés nouveaux, le désenclavement des villages, doivent permettre de générer des revenus suffisants pour que les karens puissent jouir de ce droit fondamental: pouvoir vivre décemment dans son propre milieu. Les projets agricoles de la mission (lancement d'un laboratoire de distillation d'huiles essentielles, construction d'une coopérative) y participent pleinement.

en cours de rédaction...



Pour plus d'informations sur les karens et leur histoire, on consultera avec profit la page facebook du Center for Research on the Karens (C.R.K), en français et en anglais.

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