Quelques nouvelles

Le confinement en pays karen.

Quelques nouvelles....

La Thaïlande, comme le reste du monde, vit à un rythme très ralenti. Si dans les grandes villes le confinement est recommandé, dans les montagnes c'est plus souple. Le seul cas connu, d'ailleurs guéri, est à deux cent kilomètres. Mais la peur se propage autrement plus vite que le virus: peur de voir la diaspora des villes de retour dans les villages importer avec elle la maladie, peur des voisins, de l'étranger. Les autorités ont imposé un couvre-feu la nuit, ce qui ne change pas grand chose à nos habitudes. Mais les villageois ont souvent pris les devants: blocage des pistes, barricades de bambou, milices villageoises, cérémonies animistes pour écarter le fléau du village. Difficile dans ces conditions de visiter les villages, qui resteraient d'ailleurs fermés pour la plupart.
Dans notre malheur, la montagne en fait s'en tire plutôt bien: le virus ne pouvait pas arriver à meilleur moment. Les récoltes du riz sont achevées et les greniers pleins, le maïs à atteind de bons prix cette année, et les villageois ont pu mettre de coté quelque pécule. Le gouvernement s'est engagé enfin à assurer une compensation financière pendant trois mois à ceux que la crise a privé de travail. Pourvu seulement que la crise ne s'étende pas trop. Les jeunes qui travaillaient en ville sont revenus au village, ce qui met une sacrée animation. Et puis surtout, on a du temps. La vie ralentie permet les visites plus cool aux anciens, les prières dans les maisons, les séances de ciné à l'école avec les jeunes. Pour la première fois, j'ai pu passer dix jours consécutifs dans le village de Poblaki!
L'après-covid est un petit peu plus préoccupant: pour nos centres et nos écoles qui dépendent presque exclusivement de l'aide de nos amis de France, nous craignons les conséquences de la récession qui s'annonce. On profite donc de ce temps pour développer les cultures et l'élevage, afin d'assurer au maximum la subsistance des nombreux enfants qui s'annoncent cette année. Un bon équilibre serait de toutes façons de moins dépendre de l'aide extérieure, et d'avantage de nos propres ressources et celles des villageois. Pour cela, il faut les aider à développer activités économiques et agricoles. C'est le sens de la coopérative et des différents projets agricoles que nous avons initié ces derniers mois.
Nous suivons avec intérêt et souvent inquiétude les nouvelles de France. Mais nous sentons poindre aussi à travers cette épreuve des signes encourageants de renouveau et de changements bienvenus. La coïncidence avec le carême et la Pâques du Sauveur n'est sans doute pas fortuite. Haut les coeurs!
"Dont worry, my dear child, at least, all shall be well" (Jésus à Julienne de Norwich)

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